30 Août Auto-entrepreneur et salarié : comment concilier les deux ?
Comment gérer son statut d’auto-entrepreneur et un emploi à plein temps ?
J’avais depuis longtemps envie de vous parler de l’expérience que j’ai vécue cette année et de vous donner quelques petits conseils si vous vous retrouvez dans une situation similaire à la mienne.
PROFESSEUR DE FRANÇAIS ET BLOGUEUSE ?
Depuis deux ans, j’exerce mon activité de professeur de français et de philosophie au lycée et je gère mon entreprise en parallèle.
Ces deux années n’ont pas été simples mais elle m’ont apporté énormément en terme d’organisation. Elles m’ont permis de travailler mon sens des priorités et de hiérarchiser les tâches à effectuer. Elles m’ont également permis de me montrer à quel point il faut être pugnace, s’accrocher et combien cela peut se révéler satisfaisant.
COMMENT S’ORGANISAIT UNE JOURNÉE TYPE ?
Pour vous décrire rapidement l’organisation de mes journées était la suivante : je me levais très tôt (environ 5h30), je prenais le train vers 6h20 pour m’acheminer à mon lieu de travail et être en cours à 8h (mon lieu de travail n’était pas sur Bordeaux). Parfois, je m’y rendais en voiture. Il me fallait alors faire environ 120 kilomètres.
En quelques mots, j’avais environ 3h30/4 heures aller-retour de trajet par jour porte à porte avec mon travail.
J’arrivais en cours. Selon l’organisation de mon emploi du temps, dès que j’avais une heure de libre, je m’occupais de la gestion de l’entreprise : mails, comptabilité, appels, sélections shopping, Instagram … etc ou bien j’étais amenée à remplir les notes, les appréciations, gérer l’organisation de mes cours.
Lorsque je rentrais en train, je prenais ce temps pour corriger mes copies ou bien avancer la création de mes cours. Les premières années de professeur sont les plus ardues car vous vous en doutez, nous ne possédons aucune base et il faut tout construire. En plus de cela, il est nécessaire de s’approprier son cours et de le travailler afin de le transmettre à ses élèves avec le plus d’aisance possible.
J’essayais de me déplacer le moins possible en voiture car j’avais l’impression de perdre beaucoup de temps de travail et d’être improductive trop longtemps lorsque je rentrais le soir. De plus, lorsque j’arrivais chez moi, après 1h30 de route et des bouchons, j’étais complètement HS. Je n’arrivais plus à me concentrer …
Pourtant, il fallait préparer la publication Instagram du soir. Je me remettais alors sur mon téléphone afin d’échanger avec vous, répondre aux commentaires, aller découvrir de nouveaux profils et poster.
Vous vous dites à ce stade-là que la journée est terminée ? Souvent elle ne l’était pas. Je devais toujours reprendre des cours, les remanier, préparer une correction … etc.
Je me couchais souvent tard. Le rythme était fou. Je voulais sans cesse optimiser 100% de ma journée.
Quand les vacances scolaires arrivaient, il était alors temps pour moi de rattraper tout le retard que j’avais pu accumuler sur le blog et Instagram : shootings à fond, je devenais très active sur les réseaux pour compenser les semaines ou je l’étais moins. Je passais mes « vacances » entre les corrections de baccalauréats blancs, et mon téléphone, greffé à la main. J’en profitais également pour partir en déplacement de deux ou trois jours pour mes réseaux et faire tous les rendez-vous que je n’avais pu honorer.
QUELQUES CONSEILS ET CONCLUSIONS QUE J’AI PU RETIRER DE CETTE EXPÉRIENCE :
Alors pour toutes celles et ceux qui ont des vies à mille à l’heure, je vais tenter de vous donner quelques conseils pour survivre à des années bien remplies, parfois sans véritables vacances. Je vais aussi tenter de mettre en lumière les « erreurs » que j’ai pu commettre afin de vous éviter de tomber dans ce même écueil 🙂 !
1/ CONSERVEZ UN RYTHME DE VIE SAIN.
La première erreur que j’ai pu commettre a été de négliger des éléments fondamentaux pour se maintenir en bonne santé à la fois physique et psychologique.
Moi qui étais quelqu’un qui faisait énormément attention à son alimentation et à sa qualité, je me suis mise à manger de plus en plus de plats préparés car je n’avais vraiment pas le temps de me consacrer à cuisiner … Je n’appréciais absolument pas de ne plus savourer de repas sain. J’ai cédé à la facilité de mettre un plat sous vide au micro-onde et de pouvoir me dire que cela allait être prêt en 2 minutes …
Je me suis également un peu éloignée de la fréquentation de la salle de sport. Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez combien je suis addicte à la pratique sportive quelle qu’elle soit. Tennis, course, canoë, boxe, musculation … etc. J’ai perdu le goût. Je puisais tellement dans mes réserves que je n’avais plus la force. Pourtant je vous assure que je fonce beaucoup et m’écoute peu.
Cela a été un cercle vicieux : j’ai perdu la technique à la salle. Quand j’y allais, j’étais moins à l’aise. Comme je mangeais mal et dormais peu, je n’étais pas efficace durant les entraînements. Cela était décourageant. Je suis quelqu’un qui aime faire les choses correctement et jusqu’au bout. Ne pas pouvoir m’entrainer à fond me minait.
J’ai fini par ne plus mettre un pied à la salle parfois durant quelques mois et à continuer de « mal consommer ». Je me sentais mal dans mon corps (pourtant je n’ai pas vraiment pris de poids ou eu de manifestations visibles de ce changement de vie). Mais cela m’a confirmé combien mon équilibre se trouvait dans ces deux pôles : bien manger et prendre du temps pour faire du sport.
Selon moi et cette expérience me l’a bien montré, on ne peut réussir sans sacrifices. Mais il faut doser et ne pas tomber dans l’ascétisme ! Pour ma part, je n’avais plus le temps de lire les journaux (et pourtant c’est bien l’une de mes activités favorites !), je ne sortais presque pas le soir avec des amis, je boudais le sport. J’avais oublié toute forme de divertissement … J’ai libéré tout mon « temps libre » pour mon entreprise.
S’accorder une heure ou deux ne changera pas la phase du monde. Quand on doit fournir 200%, il ne faut jamais oublier que nous avons une limite et qu’il faut savoir faire des pauses pour MIEUX REPARTIR.
2/ SAVOIR PRENDRE UNE VRAIE PAUSE.
J’avais beaucoup de mal à prendre une pause. Mon esprit était sans arrêt saturé : je pensais au cours, à mon métier de professeur. Quand j’avais réglé ce qui devait être fait dans ce domaine, cela laissait place à de nouvelles inquiétudes ou tâches à faire. Ça ne s’arrêtait jamais. Et j’avais un vrai sentiment de culpabilité de ne pas résoudre immédiatement ou faire la tâche à laquelle je pensais.
J’avais la croyance que cela allait forcément s’arrêter à moment donné et que j’allais trouver quelques instants une forme de repos. Mais ce n’était jamais comme cela.
Mais ce mode de fonctionnement est très improductif. Parfois, j’aurais mieux fait de déconnecter totalement une heure ou deux pour laisser mon cerveau se reposer et faire le vide. Je suis certaine que j’aurais été plus efficace et surtout plus lucide sur mes prises de décision. Tout se serait naturellement « rangé ».
Quand je parle de pause, je parle vraiment de s’éloigner de tout ce qui s’apparentait pour moi au travail : téléphone, ordinateur, cahiers.
Or, on se refuse souvent à se le dire, mais on développe une véritable addiction. Je suis addicte à mon téléphone. J’éprouve beaucoup de difficulté à le laisser, le poser une ou deux heures. C’est presque impossible. Je suis en hyper-connexion.
Durant ces deux années, je dois bien faire la triste conclusion que je crois ne pas avoir réussi à prendre une journée de repos totale sans téléphone, sans tentation de voir si j’ai de nouveaux mails, de nouveaux appels, commentaires … etc.
3/ FAIRE DES TO-DO LIST ET ÊTRE ORGANISÉE.
Parlons du positif. Durant ces deux années, j’ai augmenté ma capacité de travail. Je suis fière d’avoir réussi à mener de front deux activités prenantes et totalement différentes. C’est valorisant. Cela procure un sentiment également très positif.
J’ai donc appris à segmenter mes journées et à réserver des pans à chacune des activités. Je gère toujours mes journées comme cela, par bloc.
En premier lieu, lorsque vous gérez deux activités : investissez dans un agenda qui deviendra votre pilier !
Telle heure sera dédiée au blog, à Instagram. Je note exactement quelles sont les tâches à faire et le temps approximatif qu’elles vont me prendre. Il en est de même pour les cours. Cela permet de se donner des objectifs et surtout d’avoir une visibilité globale. C’est pour moi l’un des points les plus importants.
Ces objectifs doivent être clairs et répondre à différents niveaux : idéalement tentez de déterminer des objectifs annuels, mensuels et hebdomadaires.
L’inconvénient, c’est qu’il y a peu de places pour l’imprévu. Mais c’est aussi très rassurant.
Il est difficile dans les deux activités que j’exerçais de mesurer l’avancement réel et l’impact que l’on a eu. Dès lors, faire des listes permet concrètement de visualiser ce que l’on a accompli et laissé derrière nous. Ça donne du baume au coeur et un coup de peps au moral.
4/ DE LA DIFFICULTÉ DE L’ULTRA POLYVALENCE ET DU CHANGEMENT DE CASQUETTE.
L’un des aspects que j’ai trouvé le plus difficile dans cette année a été de porter la double casquette de façon générale car mes deux activités sont difficilement compatibles …
Être sur les réseaux, parler mode et chiffons à sa communauté, partager un contenu léger puis être devant une classe, avoir une parole qui doit être crédible, devoir représenter une forme d’autorité, susciter le respect est difficile.
On doit sans arrêt jongler entre deux attitudes qui ne peuvent absolument pas se rencontrer. Il faut aussi gérer le fait que les élèves connaissent l’activité professionnelle que l’on a à côté et savoir en faire une force plutôt qu’un handicap.
Il faut aussi gérer le regard que peu porter l’un des mondes sur l’autre. Et cela n’est pas aisé quand on aime autant les deux activités et que les deux contribuent à notre épanouissement.
Je ne supporte pas que l’on dénigre l’une ou l’autre car personnellement, j’y trouve mon équilibre et c’est LÀ le PRINCIPAL. Car au fond, peu importe ce qu’on peut en penser si moi je m’y sens bien. Mais il faut supporter certaines remarques qui arrivent inévitablement et faire face.
J’ai souffert de ce préjugé : on ne peut pas exercer une activité dans le domaine de la culture, transmettre un savoir, lire de grands auteurs et être blogueuse ou instagrammeuse.
À tous ceux qui pensent cela, ne vous méprenez pas. Être blogueur pro, c’est gérer une entreprise. Ce n’est pas seulement poster des photos de soi sur les réseaux comme je l’entends si souvent. C’est un point de vue réducteur qui résulte justement d’une forme d’ignorance contre laquelle vous tentez de lutter initialement en critiquant ce domaine.
5/ RESTER POSITIF/VE.
Quand on gère deux activités, le secret de la longévité est pour moi l’optimisme. Il faut rester positif même dans les moments difficiles et faire confiance à la vie.
Bien que cette phrase puisse vous paraître d’une grande inconsistance, j’y crois fortement.
Il y aura forcément des moments de doute, de flottement, de souffrance même. Dans ces moments, il faut avoir la force de se dire que l’on est dans l’oeil du cyclone mais que l’accalmie va intervenir inévitablement et que l’on pourra alors reprendre son souffle et reconstituer son capital énergie et motivation.
Gérer une activité de salarié et une entreprise à côté, c’est apprendre à courir le marathon. Il faut être endurant et savoir gérer les passages difficiles pour durer.
J’espère que le partage de mon expérience et de mes conseils pourront aider certain(e)s d’entre vous dans une vie professionnelle double. N’hésitez pas à me laisser en commentaire votre avis mais également à partager votre propre expérience.
www.monsieur-paul.fr
Posted at 11:44h, 03 novembreEt n’oubliez pas que l’entreprenariat est avant tout une expérience personnelle unique
Juliette
Posted at 16:06h, 02 septembreJ’aime beaucoup cet article parce que vous nous exposez votre vision, une vision destructrice de tous les clichés qu’on peut avoir en tête, vous écrivez bien, et bravo pour ces deux années vous avez fait des choses vraiment bien dans les deux domaines…! Je découvre votre blog et j’apprécie le design. Bonne continuation !
Chronique Bordelaise
Posted at 15:24h, 06 septembreBonjour Juliette,
J’espère que vous allez bien et que votre rentrée s’est bien déroulée.
Je suis ravie si l’article vous a plu !
Bonne continuation également !
Yonni
Posted at 12:24h, 01 septembreArticle très édifiant et intéressant.
Merci pour ton expérience.
Chronique Bordelaise
Posted at 15:23h, 06 septembreMerci beaucoup d’avoir pris le temps de m’écrire.
Bonne continuation.
Mailys AIROUCHE
Posted at 00:43h, 01 septembreBon courage Axelle! Ca semble être écrit avec le coeur.
Chronique Bordelaise
Posted at 15:23h, 06 septembreEn effet, cela l’était !
J’espère que tu vas bien !
Bises.