02 Mai FILM : Corporate – Nicolas Silhol

CORPORATE – Le Film

Qu’est-ce que cela signifie au juste “corporate” ?

Corporate, c’est ce qui est dédié, qui se rattache à l’entreprise. On parle par exemple de “corporate culture” [culture d’entreprise], “corporate structure [structure d’entreprise].

Corporate, c’est l’histoire de …

Corporate, c’est l’histoire d’une jeune et brillante responsable des Ressources Humaines, Emilie Tesson-Hansen, interprétée par Céline Salette. Cette dernière est d’abord dirigée par la volonté d’obéir rigoureusement au plan de restructuration établie par ses supérieurs, imposant la nécessité d’exercer des pressions permanentes sur les salariés : obligation de mobilité, isolement … Jusqu’à ce qu’un événement tragique vienne tout bouleverser.

Un employé de son entreprise se suicide sur son lieu de travail ne supportant plus son bureau coincé dans un endroit exigu, impersonnel, peu accueillant entre le mur et la photocopieuse, totalement isolé de ses collègues de l’open space mais également l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous avec ses supérieurs.

C’est alors que la brillante DRH se retrouve dans l’obligation de  faire face à la pression de l’inspection du travail, se soumettre aux différentes enquêtes mais également à la pression de sa propre hiérarchie qui se retourne lentement contre elle.

Suite au drame, Emilie Tesson-Hansen décide de dévoiler à l’inspection du travail le processus rodé employé pour pousser les salariés à démissionner. Selon moi, il ne faut y déceler aucun altruisme. Le personnage cherche seulement ici à se déculpabiliser et à sauver sa peau face à une hiérarchie qui la pointe du doigt.

J’ai aimé :

J’ai apprécié le fait de n’avoir aucune indication précise à propos des tâches réalisées par les employés et de ne pas avoir connaissance du but de l’entreprise. Cela confère au film une dimension plus générale voire universelle. De plus, l’accent est véritablement mis sur les relations humaines dans l’entreprise sans aucun parasite.

L’entreprise apparaît comme un milieu froid, un espace impersonnel, aseptisé, déshumanisé, sans convivialité ni partage. Le seul moment ou l’on aperçoit les employés se parler véritablement, c’est lors d’une pause déjeuner au réfectoire. On note une absence de couleur, tout est lisse, pur, en totale opposition avec tout ce qui constitue l’humain, changeant, indéfini, doté de sentiments et de multiples nuances.

L’intrigue située dans un quasi huit clos sur lequel pèse un lourd silence : les locaux de l’entreprise, le parking souterrain gris et sombre dans lequel elle se gare tous les jours.

Une oeuvre très bien menée et un super DRH interprété par Lambert Wilson qui excelle en patron cynique et irresponsable.

La mise en lumière d’un thème tabou, celui du travail qui tue, moralement et physiquement, dans l’indifférence générale.

J’ai moins aimé :

J’ai éprouvé un sentiment de neutralité quant au personnage d’Emilie Tesson-Hansen. Elle ne déclenche ni la haine, ni la compassion. Sa froide carapace, ses discours préparés et automatiques se fissurent tout au long de l’oeuvre pour laisser place à une possible réflexion, une prise de conscience puis à la rédemption. Elle parvient à briser l’esprit corporate. La fin est cependant bien trop utopiste selon moi, le retournement trop brutal, notamment par la proximité soudaine de cette dernière avec l’inspection du travail.