La banalité des réseaux sociaux

La banalité des réseaux sociaux

Bonjour à tous et à toutes,

Si vous êtes comme moi, une accro des réseaux sociaux, ultra-connectée, vous n’avez pu manquer de constater la fascination du plus grand nombre pour l’unité, les inspirations nordiques, scandinaves, le lisse, le blanc, l’unifié, voire l’aseptisé.
Voici le spectacle abominable offert par les réseaux sociaux qui grouillent de photos d’une blancheur immaculée, de couleurs pastel empreintes de candeur, de douceur, érigées comme emblème de cette laideur. On voit pulluler de toutes parts comme les vers dans une charogne ces images qui s’évanouissent et renaissent au fil des likes, chacune semblant appeler la suivante.  Chaque compte est la version édulcorée d’un autre, de sorte que personne n’est absolument reconnaissable ou totalement anonyme. La blogosphère et Instagram sont blêmes, pâles, malades, sans saveur. Et pourtant, ils gonflent, grossissent inlassablement. Ces créatures qui vivent sous le règne et le joug du standard aboutissent à une perte d’expression de l’originalité de chacun au profit de l’uniformisation. Cela suscite du dégoût, une lassitude. Le fait de suivre une tendance, de s’y conformer et de lui servir d’avatar prévaut sur l’affirmation de soi, de sa propre identité.

On assiste impuissant à l’atomisation de chaque individu. La tendance souffle sur ce dernier, pourtant singulier et unique, le déshydrate, ne lui laissant pour subsister que le gout amer de la banalité, de l’homogénéité.  Le blogueur, l’instagrammer est sans cesse pétri et inondé par ces poisons. Nous ne partageons donc pas notre univers comme nous nous entêtons à le croire mais l’Univers qui n’est plus qu’Un. La question qui me semble fondamentale est la suivante : devons-nous privilégier nos propres photos, mettre en avant nos propres convictions, affinités et véritables coups de cœur en prenant le risque de déplaire au plus grand nombre, de ne jamais fédérer autour de soi une communauté avec qui partager ou faut-il au contraire se satisfaire, jouer de la tendance actuelle et accepter de traiter  des sujets sans relief déjà épuisés ?

Il existe une omission totale de la diversité qui est le constituant même du monde, qui en fait sa beauté. Comme Schlegel le disait déjà dans son Cours de littérature dramatique :

« L’art du poète dramatique consiste à écarter les accessoires étrangers à l’action, ces détails minutieux, ces incidents importuns, qui, dans la réalité, retardent la marche des grands événements, et à rassembler comme un faisceau, tout ce qui excite l’attention et la curiosité. Il nous présente ainsi le tableau embelli de la vie ; l’élite des moments les plus touchants et les plus décisifs de la destinée humaine. »

Aujourd’hui, le poète dramatique n’est plus et la communauté des blogueurs, d’Instagram a repris le flambeau dans la promotion de « l’élite des moments humains ». En ayant tenté d’extraire le nectar, l’ultime beauté, il ne nous reste du monde qui nous entoure qu’une bien maigre peau de chagrin.

Nous n’avons plus la gourmandise des couleurs, du mouvement. La mise en scène de chaque photo brise le flux de la vie, désincarne et morcelle le moment vécu comme pour oublier que nous sommes sans cesse soumis au temps et à l’espace. Mêlons comme Victor Hugo l’avait prescrit au théâtre « le « sublime » et le « grotesque ». Redonnons à la vie dépouillée sa vérité, sa profondeur. Imposons nous une exigence d’irrégularité ou de discordance.

Tentons d’entrer dans un cercle vertueux en nous lançant dans l’expression de l’originalité en partant du principe que chacun pourrait y contribuer et apporter quelque chose de nouveau. Confrontons-nous à de véritables personnalités. Nos jugements et nos horizons n’en seront qu’enrichis.

Montrons que nos communautés ne sont pas qu’un vernis mais constituées d’individus qui recherchent un vrai partage. Tentons de créer une harmonie plutôt qu’une uniformisation.

Ce qu’il me semblait important de préciser 

– Cet article est avant tout une autoflagellation.

– Ne prenez pas cet article comme un véritable pamphlet ou un « coup de gueule » contre la blogosphère. J’adore les blogs, les blogueuses, Instagram et toutes ces communautés. Cependant, comme toutes choses, il y  a des limites et des inconvénients que je m’applique à souligner aujourd’hui.

– Tous les blogueurs, les instagrammers possèdent des cactus, des plantes succulentes. J’ai des cactus et des plantes succulentes mais j’ai une bonne excuse : je n’ai pas la main verte. Je bousille chaque plante que je touche. On offre souvent des cactus aux enfants. Considérez que je n’ai pas atteint le stade adulte en ce qui concerne mon rapport avec les plantes.

– Soyons honnête, c’est très plaisant de voir de jolies photos. Ce que je dénonce ici, ce n’est pas le fait en lui-même mais c’est l’idée véhiculée par les photos : faire croire à quotidien parfait, minutieusement ordonné.

– Pourquoi cet article : j’ai lu l’article de Véronique Duluc que j’ai trouvé particulièrement inspirant. Vous pouvez le lire ici.

– Enfin, je n’ai pas de réponse à ma question ou de solution miracle. Je souhaite juste susciter une réflexion.

Je vous embrasse ! N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me donner votre avis.

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